Le Colonel John Henry Patterson (1867-1947), est un soldat britannique d’origine irlandaise, célèbre pour avoir été Commandant du 38e bataillon des Royal Fusiliers de la légion juive. Il raconte les « aventures » qu’il vécut en Afrique dans son livre « Les Mangeurs d’hommes de Tsavo« (publié en 1907).
Son histoire se télescope avec celle d’Amy Patterson, dans Tsavo, le résilient.
En 1898, Patterson fut désigné par la Compagnie britannique impériale d’Afrique de l’Est pour superviser la construction d’un pont permettant le passage du chemin de fer au-dessus de la rivière Tsavo, dans l’actuel Kenya. Il arriva sur le site au mois de mars de la même année. Presque immédiatement après son arrivée, des attaques de Lion du Tsavo eurent lieu contre les ouvriers travaillant sur le chantier. La nuit, les fauves traînaient les hommes hors de leurs tentes et les dévoraient au milieu du camp.
En dépit de la construction de barrières d’épines (les bomas), de feux de camps maintenus toute la nuit et d’un strict couvre-feu, les attaques s’amplifièrent au point que la construction du pont cessa, à cause de la peur et du départ de nombreux ouvriers. Avec les conséquences économiques désastreuses qu’occasionnait l’arrêt du travail, Patterson eut beaucoup de difficultés à maintenir sa propre autorité, et même sa sécurité personnelle. Les ouvriers superstitieux furent persuadés que les lions étaient en réalité les esprits de sorciers africains. Les ouvriers Indiens complotèrent pour assassiner le Lieutenant-colonel mais ce dernier déjoua leur plan.
Alors que sa réputation, son travail et sa propre sécurité étaient en jeu, Patterson, qui avait acquis une certaine expérience de la chasse au cours de chasses au tigre pendant ses années de service aux Indes mit tout en œuvre pour en finir avec les deux lions mangeurs d’hommes et mettre un terme à la menace que ceux-ci faisaient peser sur le chantier et les ouvriers dont il avait la responsabilité. Il tua enfin le premier lion au cours de la nuit du 9 décembre 1898 et abattit le second dans la matinée du 29 décembre de la même année, échappant lui-même à cette occasion de peu à la mort lorsque l’animal blessé le chargea. Chaque lion mesurait plus de 2,70 m de long, du museau à la pointe de la queue et il fallut huit hommes pour les transporter chacun à l’extérieur du camp. Ils furent responsables de la mort de plus de 140 personnes, bien que le nombre réel de victimes soit encore incertain à cause du manque de rapports officiels à l’époque. Les rapports du chemin de fer ne font état que de 28 morts parmi les ouvriers mais on pense que les lions tuèrent également un grand nombre d’autochtones pour lesquels aucun rapport officiel n’a été tenu.
Le soldat britannique fut immédiatement déclaré comme un « héros » par les ouvriers et les autochtones de Tsavo et le récit de l’évènement se répandit vite et loin, comme l’attestent les nombreux télégrammes de félicitations qu’il reçut. L’évènement fut même mentionné à la Chambre des lords, au Parlement britannique, par le premier Ministre de l’époque, Lord Salisbury. La menace des mangeurs d’hommes écartée, le travail reprit et le pont de Tsavo fut achevé en février 1899.
En 1907, il publie son premier livre « Les Mangeurs d’hommes de Tsavo » (The man-eaters of Tsavo and other East African adventures), qui narre ses aventures Africaines. En 1924, après discussions avec les conservateurs du muséum Field de Chicago, dans l’Illinois, Patterson accepta de vendre au musée les peaux et les squelettes des deux lions, pour la somme considérable à l’époque de 5 000 livres. Les lions furent remontés et sont exposés avec leurs squelettes d’origine. Les lions reconstruits étaient finalement plus petits que la taille qui avait été mesurée à l’origine, soit parce que Patterson avait exagéré leurs mensurations véritables, soit parce que les peaux, ayant été utilisées avant 1924 comme des tapis de trophée, avaient rétréci.